REPORTAGE

HECHO EN BARRIO

© JEAN-FÉLIX FAYOLLE

Ce reportage au long cours réalisé entre 2007 et 2022 raconte l’histoire d’une jeunesse vivant dans des quartiers populaires de San Luis Potosi. Cette ville de deux millions d’habitants avec son agglomération se situe à 400 km au nord de la Ville de Mexico sur l’axe reliant le nord du pays. Ces quartiers sont donc très exposés aux problématiques de violence, de consommation et de vente de drogue, des mouvements migratoires et de traite humaine.

Le Mexique traverse actuellement des moments les plus sombres de son histoire moderne avec l’explosion de la violence et de la criminalité, toujours plus intense d’année en année. Les quartiers sont en première ligne. Depuis quelques années, le trafic et la consommation de cristal meth fait des ravages avec des conséquences supplémentaires sur la société et de santé publique. Les Mexicains pleurent leurs morts (près de 35 000 pour 2019) pendant que le gouvernement est totalement dépassé par ces mafias surpuissantes.

El Pased pose sur le réservoir d’eau de son immeuble où il a réalisé le graffiti «2HA» (qui signifie «Hip Hop Addicted»). Il surplombe le quartier de Pavon situé en périphérie de San Luis Potosi.

Des membres de la bande de la Cuarta du quartier de Prados posent dans une ancienne voiture américaine.

Le sosie du célèbre chanteur Juan Gabriel chante en play-back devant les habitants du quartier de la bande des Tropilocos XXI dans le centre-ville de San Luis Potosí pour célébrer San Judas Tadeo, saint patron des causes perdues et désespérées.

Kimberly fête l’anniversaire de ses 15 ans. Elle termine d’ajuster sa tenue, une robe rose louée pour l’occasion. Toujours importante, la « quinceañera » rassemble une messe, un banquet, un spectacle avec des chambelanes (prétendants) et une soirée dansante.

Le cristal meth est apparu depuis près d’une dizaine d’année dans les quartiers de San Luis Potosi et aujourd’hui cette substance hautement addictive a remplacé des drogues plus légères comme le cannabis, provoquant de nombreuses complications sociales et de santé publique.

El Reder montre dans sa main des morceaux de crystal meth avec l’ampoule bricolée qui lui sert de pipe. La méthamphétamine est très addictive. Cette drogue de synthèse a été introduite il y a quelques années dans la ville et les conséquences sur la jeunesse des quartiers populaires sont catastrophiques.

Un jeune de la bande des Millonarios, du quartier Ojo de Agua, se fait tatouer chez lui un Quetzalcóatl, dieu préhispanique représenté par un serpent à plumes. Les tatouages sont autant une œuvre d’art posée de manière indélébile sur le corps qu’un symbole propre à l’histoire de la personne qui le porte.

Deux frères du quartier de La Virgen manipulent une arme automatique. Depuis les années 2010, les armes sont devenues plus courantes et davantage sophistiquées.

Miguel était devenu chef de place au quartier de Pavon. Il s’est fait abattre sur le pas de la porte de la maison familiale, en même temps que sa mère. En hommage, des croix ont été installées sur le lieu du drame et ont été décorées pour la fête des morts.

Los Hijos del Rey organisent une soirée dansante, un «baile», pour les membres de la bande de la 4a. Ils sont nombreux à se retrouver autour du «sonidero» pour lui demander des dédicaces.

Un des jeunes de la bande des Vampis met le feu à son aérosol de peinture pour faire le show. Il se trouve à l’arrière du camion du DJ « La Rumba 2000 » où les places sont chères.

La bande du Callejon 8 organise un «baile» pour célébrer la fête de la vierge de San Juan de los Lagos chaque 2 février. La rue est bloquée et le DJ «El Rey del Wepa» mixe sur le toit d’une boutique. De nombreuses bandes s’y retrouvent pour faire la fête.

Un homme avec un chapeau de cowboy, typique du nord du Mexique, fait danser un torito, taureau pyrotechnique, à l’occasion de la Fête de San Judas Tadeo le 28 octobre.

Fête au quartier San Luis pour célébrer le saint patron du quartier : San Luis Rey, en référence à Saint Louis, roi de France. Pour l’occasion, des feux d’artifice sont tirés depuis le toit de l’église.

Une famille transporte des cempasúchiles (roses d’Inde), des fleurs oranges typiques de la Fête des morts. Elle passe devant une fresque en cours de réalisation. Elle a été commandée par la bande du Clan 16 pour représenter des membres ainsi que le célèbre DJ « El Rey del Wepa » qui ont été assassinés quelques semaines plus tôt.

Pour el Día de los Muertos (la Fête des morts qui correspond à la Toussaint en Europe), on achète des cempasúchiles (roses d’Inde), des fleurs oranges que l’on dispose sur les autels des maisons et sur les tombes des cimetières.

Un soir d’Halloween où la fiction et le jeu rattrapent une réalité. Les armes sont banalisées et les morts violentes sont quotidiennes comme trop nombreuses.

Plop aimait le graff. Alors pour lui rendre hommage, ses proches recouvrent son cercueil de graffitis.

Lors de la descente du cercueil de Plop dans le caveau, un de ses proches amis verse de la bière pendant que la foule applaudit. Un dernier hommage pour ce jeune homme tel que lui-même l’aurait sans doute souhaité.

Au quartier de San Jose, à la chapelle de la Santa Muerte, une messe spéciale est célébrée pour célébrer cette divinité le 2 novembre.

La Santa Muerte est célébrée sur le marché populaire des Huaracheros dans le centre-ville. Chacun rapporte ses statuettes pour composer un autel commun, des groupes de musique sont invités et tout le monde est libre de danser.

El Flaco et La Flaca sont venus vivre quelque temps dans une maison abandonnée du quartier des Tropilocos. La proximité du centre-ville leur permet de trouver des petits boulots, sinon des cibles à dérober, et ainsi de pouvoir survivre.

Chaque année, el Capu va rendre visite à la vierge de San Juan de los Lagos en portant un Christ sur plus de 230 km de marche qu’il réalise en cinq jours.

Deux fois par an a lieu un pèlerinage pour célébrer la Vierge de San Juan de los Lagos dans l’État de Jalisco. Il s’agit du deuxième plus important pèlerinage du pays.

Juste avant l’anniversaire de la Vierge le 2 février, la bande des Tropilocos donne un coup de peinture sur la fresque située au cœur de leur quartier. C’est ici qu’ils se retrouvent le soir pour boire et fumer.

Des danzantes, danseurs traditionnels précolombiens, rendent hommage à la Santa Muerte en chantant et dansant dans sa chapelle située dans le quartier de Pavón au niveau de la bande des Royal Kings.

Le carnaval n’est célébré que dans certains endroits de la ville, comme ici au quartier de San Juan Guadalupe. Les déguisements sont souvent osés, comme celui du révolutionnaire, ici au centre, et ceux des membres du cartel des Zetas, en bleu.

La jeunesse des quartiers qui souhaite sortir de la spirale infernale des addictions doit financer comme elle le peut des séjours en centre de désintoxication de trois mois minimums, comme ici dans un centre d’alcooliques anonymes pour des traitements multi-addictifs.

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